Un samedi matin d’Août, installée à la terrasse du Pain Quotidien d’Ixelles, je retrouve Guillaume pour qu’il me parle de la Paralpine. Autour d’un café, et dans le quartier du Cimetière d’Ixelles animé par la Braderie annuelle, on revient sur son parcours et son incroyable projet qu’il vient de terminer.
Chloé : « Avant que tu me parles de la Paralpine, j’aimerais que tu reviennes sur ton parcours sportif : comment tu t’es mis à l’alpinisme et depuis combien de temps tu fais du parapente ? »
Guillaume : « Je fais de l’alpi depuis que je suis petit ! Ca commencé avec mes parents qui m’emmenaient à la montagne deux fois par an : l’hiver au ski et l’été pour randonner. Mais le vrai déclencheur, c’est Passeport Passion.
Passeport Passion, c’est un mouvement de jeunesse un peu comme les Scouts, mais les journées organisées sont des minitrips : grimpe, kayak, rando en Belgique. Et les camps d’été sont des « raids » un peu plus loin. C’est ça qui m’a donné goût à l’outdoor.
Je dirais que je fais de l’alpi depuis que j’ai 13 ans. Par contre le parapente, je m’y suis mis il y a environ 5 ans. »
Chloé : « Pour continuer sur ton parcours, qu’est-ce qui fait que tu t’es retrouvé là où tu es maintenant ? »
Guillaume : « J’ai fait des études d’ingénieur, et en parallèle de mes études j’étais impliqué au « Kap Expé » – c’est un Kot A Projets à Louvain-la-Neuve, lié au Cap Expé . J’ai toujours gardé un lien avec l’outdoor durant mon parcours. Après mes études, j’ai commencé à bosser chez Air Liquide en tant qu’ingénieur industriel. Je me suis vite rendu compte qu’il me manquait quelque chose.. J’ai rapidement décidé de quitter mon boulot, prendre un temps sabbatique et faire quelque chose qui me ressemblait plus ».
Chloé : « C’est là que tu as décidé de créer la Paralpine ? Comment t’est venue l’idée de ce projet ? »
Guillaume : « J’ai eu envie de faire quelque chose de différent. J’adore l’alpinisme et le parapente. Je me suis dit que combiner les deux, ce serait génial. Traverser les Alpes, ce serait incroyable ! Alors j’ai cherché un itinéraire qui me les fasse traverser de part en part. Il y a beaucoup de possibilités, et j’ai décidé de partir de la Slovénie pour arriver à Nice. Je trouve qu’arriver à la Mer, ça a quelque chose de super symbolique ».
Chloé : « Comment as-tu financé cette expédition ? »
Guillaume : « J’ai eu la chance d’avoir des sponsors ! Les deux plus gros, c’est Petzl et BGD. Ils m’ont donné tu matos et un financement. BGD m’a notamment fourni deux voiles et vu le prix de l’équipement, franchement ça fait plaisir. Mais comme pour tout, c’est surtout les contacts qui ont joué. Chez Petzl je connaissais quelqu’un que j’avais rencontré sur un autre projet de film. Et chez BGD, je connaissais un stagiaire qui a pu me mettre en contact avec le boss. Dans ce genre de situations, le réseau, ça aide ! » .
Chloé :
« Pour rentrer un peu plus dans le vif du sujet, quels ont été les moments
forts de ton voyage ? »
Guillaume : « Je dirais d’abord le Grand Capucin (Grand Cap’ pour les intimes – 3838m) dans le Massif du Mont-Blanc avec mon amie Lolotte. J’étais déçu de ne pas faire le Mont-Blanc qui était prévu à la base, mais il avait trop neigé les quelques jours avant. On a commencé l’ascension en s’alternant en tête mais après 5 longueurs j’ai bien dû reconnaitre que ce n’était pas mon jour. J’étais fatigué et je tremblais déjà, alors qu’il y en avait 20 à faire ! Heureusement, Lolotte a pris le lead et elle a géré ! »
Chloé : « Est-ce que tu as un autre moment heureux à partager ? »
Guillaume : « J’ai adoré décoller du Piz Bernina et m’éviter une descente interminable ! L’endroit était dingue, c’était magnifique et en quelques minutes j’étais en bas, là où mes compagnons de cordée ont mis 9h pour descendre. Quel bonheur ! »
Chloé : « Et une frustration dont tu veux nous faire part ? »
Guillaume : « C’était au tout début de l’expédition. On venait d’arriver en Slovénie, avec en tête de monter le Triglav par la face Nord. Arrivés sur place, tous les locaux nous disaient que cette face n’était pas praticable. En juin, ce sont encore des conditions hivernales et il avait beaucoup neigé. Vu qu’on venait d’arriver et que les Slovènes connaissent mieux que nous l’endroit, on a préféré les écouter. Mais en arrivant au pied du sommet, on s’est rendus compte qu’en fait c’était clairement faisable. Trop tard, on n’avait pas le matos…»
Chloé : « C’est ça aussi la montagne… Tu prévois de réaliser un film sur la Paralpine si je ne me trompe pas ? »
Guillaume : « Oui, et ça risque de prendre du temps car je voudrais qu’il soit le plus professionnel possible… J’ai des images, mais il me faudra de l’aide aussi pour le son et le montage, ce n’est pas mon métier. Quand le film sera prêt, je voudrais le présenter dans des festivals de films de montagne et d’aventure ».
Chloé : « D’autres projets pour la suite ? »
Guillaume : « Du parapente ! Je voudrais continuer à m’améliorer dans ce sport, je sens que c’est là que j’ai le plus de marge de progression ».
Chloé : « Je n’y connais rien en parapente, est-ce qu’il y a de quoi faire en Belgique ? »
Guillaume : « Ben en fait, oui ! Si tu veux tu peux te faire une sortie de 200km en Belgique. Mais en réalité je vis à Grenoble, j’ai la montagne à côté. Très pratique, c’est un vrai terrain de jeu ! »
